lundi 30 avril 2012

Le capitalisme ne se taxe pas, nous devons l'abolir

 tract distribué dans les rues de Paris le 1er mai 2012

Au-delà de l'exploitation

Les fétichistes de l'Etat-providence aboient, et la caravane capitaliste passe en écrasant les prolétaires sous ses roues. Derrière l'écran de fumée "anti-libéral" les bureaucrates de la radicalité sauve l'essentiel : le Capital. Il ne s'agit plus de supprimer le surtravail, l'exploitation des ouvriers, le coeur du capitalisme, mais, par décrets étatiques, de conduire les travailleurs à co-gérer la machine à exploiter.
Et pourtant la concurrence capitaliste se chargera d'écraser la moindre vélléité d' "humanisation" de la production. L'anti-capitalisme, la suppression du capitalisme donc, n'est pas le "retour de l'humain" dans l'exploitation, mais la fin de la production de la plus-value, extorquée aux ouvriers par le chantage du racket salarial.

Le capitalisme est à l'agonie, il n'y a plus rien à sauver, et les travailleurs le savent. L'abstention ouvrière massive aux mascarades électorales, les stratégies de refus du surtravail, l'irrespect de la propriété des moyens de production (et de sa production) sont le négatif d'un projet à construire, qui porte, au-delà d'un simple refus, la négation des classes sociales, l'auto-suppression de la condition ouvrière et des entreprises-casernes. Il n'y a plus rien à sauver dans le capitalisme dont l'agonie nous plonge dans la barbarie quotidienne. Seuls les parasites qui vivent sur le dos des travailleurs (racketteurs de l'actionnariat, bureaucrates de l'exploitation salariale, tribuns de la république des matraques)  ont encore intérêt à prolonger l'insupportable.

La méfiance, le refus, doit se généraliser aux groupuscules de la révolution consommable en 20 points d'un programme sorti du cerveau conditionné de spécialistes de l'exotisme radical. Généraliser cette méfiance jusqu'à nous-mêmes : il n'y a pas de sauveur suprême, pas de programme à appliquer, pas d'organisation à massifier. L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes. 

Alerte Rouge - Spartakiste

 Quelles sont les origines du 1er mai ?

L’heureuse idée d’utiliser la célébration d’une journée de repos prolétarienne comme un moyen d’obtenir la journée de travail de 8 heures [1], est née tout d’abord en Australie. Les travailleurs y décidèrent en 1856 d’organiser une journée d’arrêt total du travail, avec des réunions et des distractions, afin de manifester pour la journée de 8 heures. La date de cette manifestation devait être le 21 avril. Au début, les travailleurs australiens avaient prévu cela uniquement pour l’année 1856. Mais cette première manifestation eut une telle répercussion sur les masses prolétariennes d’Australie, les stimulant et les amenant à de nouvelles campagnes, qu’il fut décidé de renouveler cette manifestation tous les ans.
De fait, qu’est-ce qui pourrait donner aux travailleurs plus de courage et plus de confiance dans leurs propres forces qu’un blocage du travail massif qu’ils ont décidé eux-mêmes ? Qu’est-ce qui pourrait donner plus de courage aux esclaves éternels des usines et des ateliers que le rassemblement de leurs propres troupes ? Donc, l’idée d’une fête prolétarienne fût rapidement acceptée et, d’Australie, commença à se répandre à d’autres pays jusqu’à conquérir l’ensemble du prolétariat du monde.
Les premiers à suivre l’exemple des australiens furent les états-uniens. En 1886 ils décidèrent que le 1° mai serait une journée universelle d’arrêt du travail. Ce jour-là, 200.000 d’entre eux quittèrent leur travail et revendiquèrent la journée de 8 heures. Plus tard, la police et le harcèlement légal empêchèrent pendant des années les travailleurs de renouveler des manifestations de cette ampleur. Cependant, en 1888 ils renouvelèrent leur décision en prévoyant que la prochaine manifestation serait le 1° mai 1890.
Entre temps, le mouvement ouvrier en Europe s’était renforcé et animé. La plus forte expression de ce mouvement intervint au Congrès de l’Internationale Ouvrière en 1889 [2]. A ce Congrès, constitué de 400 délégués, il fût décidé que la journée de 8 heures devait être la première revendication. Sur ce, le délégué des syndicats français, le travailleur Lavigne [3] de Bordeaux, proposa que cette revendication s’exprime dans tous les pays par un arrêt de travail universel. Le délégué des travailleurs américains attira l’attention sur la décision de ses camarades de faire grève le 1° mai 1890, et le Congrès arrêta pour cette date la fête prolétarienne universelle.
A cette occasion, comme trente ans plus tôt en Australie, les travailleurs pensaient véritablement à une seule manifestation. Le Congrès décida que les travailleurs de tous les pays manifesteraient ensemble pour la journée de 8 heures le 1° mai 1890. Personne ne parla de la répétition de la journée sans travail pour les années suivantes. Naturellement, personne ne pouvait prévoir le succès brillant que cette idée allait remporter et la vitesse à laquelle elle serait adoptée par les classes laborieuses. Cependant, ce fût suffisant de manifester le 1° mai une seule fois pour que tout le monde comprenne que le 1° mai devait être une institution annuelle et pérenne.
Le 1° mai revendiquait l’instauration de la journée de 8 heures. Mais même après que ce but fût atteint, le 1° mai ne fût pas abandonné. Aussi longtemps que la lutte des travailleurs contre la bourgeoisie et les classes dominantes continuera, aussi longtemps que toutes les revendications ne seront pas satisfaites, le 1° mai sera l’expression annuelle de ces revendications. Et, quand des jours meilleurs se lèveront, quand la classe ouvrière du monde aura gagné sa délivrance, alors aussi l’humanité fêtera probablement le 1° mai, en l’honneur des luttes acharnées et des nombreuses souffrances du passé.


ROSA LUXEMBOURG


Notes
[1] L’usage était alors une journée de travail d’au moins 10 à 12 heures par jour.
[2] Il s’agit du premier congrès de la II° internationale.
[3] Raymond Lavigne (1851- ?), militant politique et syndicaliste.